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scientifiques et même à la critique littéraire. Depuis le Journal des savants jusqu’au Mercure de France, depuis les Bulletins de la Société philomathique et ceux de la Société d’Arcueil, jusqu’aux Annales de chimie et à celles du Muséum, il n’y a pas un recueil qui n’ait demandé et obtenu l’honneur d’être assisté par lui. Plus tard, lorsque le régime de la publicité eut passé, pour la France, de sa vie constitutionnelle dans sa vie scientifique, les travaux de M. Biot figurèrent au premier rang dans les Comptes rendus hebdomadaires de l’Académie des sciences, à l’institution desquels il avait opposé des objections au moins spécieuses, quoiqu’une pareille innovation ne pût profiter à personne autant qu’à lui-même.

Selon la marche à peu près constante de l’esprit humain, qui descend des théories vers les faits, M. Biot avait passé de l’étude des mathématiques pures à l’étude des mathématiques appliquées. En quittant les régions de la géométrie algébrique, la plupart des mathématiciens commencent par étudier le monde sidéral, dont l’immensité nous écrase, et deviennent astronomes ; ils observent ensuite de plus près, dans ses lois et dans ses principes constitutifs, celui dont les merveilles nous enlacent ; ils deviennent alors physiciens ou chimistes ; souvent ils suivent simultanément cette double voie, car il est chaque jour plus difficile de séparer la physique de la chimie. M. Biot ne dérogea point à la loi commune. Une heureuse circonstance concourut à imprimer des directions plus pratiques à ses travaux : membre de la Société d’Arcueil, il assistait fréquemment aux expériences qui avaient été le but spécial de cette institution, formée au milieu de nos orages révolutionnaires comme une première protestation contre le règne de la barbarie. Il avait appar-