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DISCOURS


DE M. HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE


PRONONCÉ DANS LA SÉANCE PUBLIQUE DU 24 JANVIER 1861, EN VENANT PRENDRE SÉANCE À LA PLACE DE M. DE TOCQUEVILLE.





Messieurs,

J’ai à remercier l’Académie de deux choses : la première de m’avoir appelé dans son sein, la seconde de m’avoir donné pour successeur à M. de Tocqueville.

M. de Tocqueville est mort jeune. Il n’a pas eu le temps pour complice de sa gloire, et, soit qu’on regarde en lui l’écrivain, l’orateur ou l’homme d’État, il apparaît, à ne consulter que l’âge et l’œuvre, comme un édifice inachevé. Et cependant, si l’on s’élève pour écouter le bruit de sa mémoire, il monte de lui vers l’âme une voix à qui rien ne