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discours de réception.

cier, toute la bienveillance, toute la séduction de l’homme du monde, pour faire oublier, à quelques-uns de ses adversaires politiques, une polémique passionnée, mais consciencieuse, à laquelle il se livra pendant nos jours d’orage.

Je dois m’arrêter un instant sur le dernier des ouvrages de M. Nodier, que lui aient inspiré les passions politiques, je veux parler de son Histoire des sociétés secrètes de l’armée, publiée au commencement de 1815. Dans cet écrit, mélange de fictions et de vérités, il raconte, avec les embellissements romanesques dont il se plaisait à orner tous ses ouvrages, les efforts ignorés de quelques conspirateurs plus que douteux, préparant dans l’ombre le retour des Bourbons.

Admirez, Messieurs, l’art de M. Nodier à flatter le pouvoir, son adresse à faire valoir des services imaginaires ! D’abord il déguise son nom, puis, à chaque page, il exalte un héros républicain. C’est ainsi qu’il faisait sa cour. Son but, me dit-on, fut de rassurer le gouvernement sur les dispositions de l’armée, de tromper l’armée elle-même, en lui persuadant que son dévouement à l’empereur n’était point partagé par ses chefs. Quoi qu’il en soit, nul lecteur impartial n’imputera des calculs intéressés à l’auteur de ce petit ouvrage ; et quant à ces fictions souvent reprochées, il n’y verra qu’un artifice littéraire, et non une invention de la vanité.

Hâtons-nous de quitter le terrain de la politique, pour suivre M. Nodier dans ses travaux littéraires, que désormais la mort seule devait arrêter. Ses études, ses préférences de jeunesse, l’ardeur de son imagination, l’associaient naturellement aux écrivains qui réclamaient pour la France un peu de cette liberté des littératures étrangères. C’était encore la guerre qui s’offrait à lui, mais une guerre courtoise, des