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discours de réception.

ces nouvelles relations de se perfectionner dans la connaissance des classiques grecs et latins, auprès d’un homme qui était comme un dictionnaire vivant de toutes les difficultés philologiques ; en retour, probablement, sir Herbert lui emprunta ces vues originales, qui dans l’Horace éclairci par la ponctuation, trahissent une critique plus large que celle du baronnet, trop préoccupé de points et de virgules, pour apprécier toujours l’esprit et les grâces de son auteur.

Rappelé à Quintigny vers 1809, par l’amour de l’indépendance, M. Nodier y demeura près de deux ans dans l’oisiveté. Trop heureux alors pour écrire, il employa ce temps à augmenter ses collections, à méditer quelques vers, surtout à jouir d’un repos dont il goûtait pour la première fois la douceur.

Il n’en sortit qu’en 1810, pour publier sous le titre de Questions de littérature légale, un petit volume rempli d’intérêt, dans lequel il examine avec une grande supériorité d’aperçus, les cas où l’imitation d’un auteur est permise, et ceux où elle doit être flétrie du nom de plagiat. Ce livre, qui réunit à toutes les qualités brillantes du style de M. Nodier une force de raisonnement qu’on n’attendrait peut-être pas d’un esprit naturellement enclin au paradoxe, est demeuré comme un code fixe, dont pas un honnête homme ne contestera les articles.

Peu après, la protection du duc d’Otrante, que M. Nodier s’obstina longtemps à prendre pour une persécution, lui procura une place modeste dans les provinces Illyriennes récemment annexées à l’Empire. Nommé d’abord bibliothécaire à Laybach, il s’empressa de partager ses appointements avec l’ancien titulaire, pauvre érudit allemand qu’on venait