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dans les bornes de la vérité de l’Hiſtoire, de la vrai-ſemblance, & de la modeſtie. Il y a des ſujets qui ſont plus favorables à répréſenter du nud les uns que les autres ; & l’on s’en peut ſervir par éxemple, dans les Fables, dans la ſuppoſition des païs chauds, deſquels nous n’avons point de rélation ſur les modes, & parmi les Ouvriers des anciens tems. Caton le Cenſeur, au rapport de Plutarque, travailloit tout nud parmi ſes Ouvriers lorſqu’il étoit revenu du Senat ; & Saint Pierre étoit nud lorſque Nôtre-Seigneur s’apparut à luy aprés ſa Réſurrection, & qu’il le trouva pêchant avec d’autres Apôtres.

On ſe peut encore ſervir du nud dans la répréſentation des ſujets allégoriques, dans celle des dieux & des Héros de l’Antiquité Païenne : & enfin dans les autres rencontres où l’on peut ſuppoſer la ſimple Nature, & où le froid & la malignité ne régnent point. Car les habits n’ont été inventez que pour garantir les hommes du froid & de la honte.

Il y a encore aujourd’huy beaucoup de Peuples qui vont tout nuds, parce qu’ils habitent des païs chauds, où l’habitude les a mis à couvert de l’indécence & de la honte. Enfin la régle générale qu’on doit ſuivre en cela, eſt, comme