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Car les fauſſes divinitez peuvent être conſidérées de deux manières, ou comme dieux, ou comme figures ſymboliques. Comme dieux, le Peintre ne les peut répréſenter que dans les ſujets purement profanes, où il en eſt queſtion en cette qualité : & comme figures ſymboliques, il peut s’en ſervir avec diſcrétion en toute autre rencontre où il les jugera néceſſaires.

Rubens, qui de tous les Peintres s’eſt le plus ingénieuſement & le plus doctement ſervi de ces ſymboles, comme on le peut voir par le Livre de l’Entrée du Cardinal Infant dans la Ville d’Anvers ; & par les Tableaux de la Galerie de Luxembourg, a été cenſuré par quelques-uns, pour avoir introduit dans ſes Compoſitions ces figures allégoriques, & pour avoir, dit-on, mêlé la fable avec la vérité.

A quoy l’on peut répondre que par l’uſage qu’en a fait Rubens, il n’a point confondu la fable avec la vérité, mais plutôt que pour éxprimer cette même vérité, il s’eſt ſervi des ſymboles de la fable. En effet, dans la Peinture de la Naiſſance de Louïs XIII, il a répréſenté au haut du Tableau ſur des nüées un peu éloignées, Caſtor ſur ſon Cheval aîlé, & à côté Apollon dans ſon Char qui