Page:Abregé de la vie des peintres (Roger de Piles, Muguet, 1699).djvu/512

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ses Inventions dans les Hiſtoires & dans les Fables qu’il a traittées ſont ingenieuſes auſſi bien que ſes Allégories. Il a bien choiſi ſes ſujets, & les a traitez avec toutes leurs convenances, principalement les héroïques. Il y a introduit tout ce qui peut les rendre agréables & inſtructifs : il les a exprimés ſelon leur véritable caractére en joignant les Paſſions de l’ame en particulier à l’expreſſion du ſujet en général.

Ses Païſages ſont admirables par les Sites, par la nouveauté des objets qui le compoſent, par la verité des terraſſes, par la variété des Arbres & la legéreté de leurs touches & enfin par la ſingularité des ſujets qu’il y fait entrer. Deſorte qu’il les auroit rendus parfaits s’il les avoit un peu plus fortifiez par les Couleurs locales & par l’artifice du Clair-Obſcur.

Quand l’occaſion s’en préſentoit il ornoit Architecture ſes Tableaux. Il la faiſoit d’un éxcellent Goût & la réduiſoit régulierement en Perſpective qu’il ſavoit parfaitement.

Il n’a pas été toûjours heureux à diſpoſer ſes Figures, on peut au contraire luy reprocher de les avoir ſouvent diſtribuées dans la pluſpart de ſes compoſitions trop en bas-reliefs & ſur une même ligne & de n’avoir pas donné aſſez de varieté & de contraſte à ſes attitudes.