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plus de profit de l’Étude qu’il ſe propoſa de faire ſur les Tableaux des grands Maîtres.

Il travailla quelque tems à détrempe, & il s’y exerçoit avec une grande facilité, lorſque le Cavalier Marin, qui ſe trouva pour lors à Paris, & qui connut le Génie du Pouſſin, voulut l’engager à faire avec luy le voyage d’Italie : mais ſoit que le Pouſſin eût quelque Ouvrage qui le retint à Paris, ou qu’il fût rebuté de deux tentatives qu’il avoit faites inutilement pour aller à Rome, il ſe contenta de promettre au Cavalier qu’il le ſuivroit bien-tôt. En effet, aprés avoir peint à Paris quelques Tableaux, & entr’autres celuy qui eſt à Nôtre-Dame, & qui répréſente la Mort de la Viérge, il partit pour l’Italie, âgé pour lors de trente ans.

Il trouva à Rome le Cavalier Marin, qui luy fit mille careſſes, &, qui, dans la vûë de luy rendre ſervice, en parla avantageuſement au Cardinal Barberin en luy diſant : Vederete un giovane che à una furia di diavolo. Comme le Cavalier, de qui le Pouſſin attendoit beaucoup de ſecours & de protection mourut peu de tems aprés l’arrivée de ce Peintre, & que le Cardinal Barberin, qui avoit envie de le connoître, n’en avoit point eû le tems, le Pouſſin ſe trouva à Rome ſanſ