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le plus court & le plus facile, nous rend infalliblement heureux, & dans les moyens, & dans la fin.

Le Génie eſt donc une lumière de l’eſprit, laquelle conduit à la fin par des moyens faciles.

C’eſt un préſent que la Nature fait aux hommes dans le moment de leur naiſſance, & quoy qu’elle ne le donne ordinairement que pour une choſe en particulier, elle eſt quelquefois aſſez libérale pour le rendre général dans un ſeul homme. On en a vû pluſieurs de cette ſorte, & ceux qui ſont aſſez heureux pour avoir reçû cette plénitude d’influences, font avec facilité tout ce qu’ils veulent faire, & c’eſt aſſez pour eux de s’appliquer pour réüſſir. Il eſt vray que le Génie particulier n’étend pas ainſi ſon pouvoir ſur toutes ſortes de connoiſſances : mais il pénétre ordinairement plus avant dans celle qui eſt de ſa domination.

Il faut donc du Génie, mais un Génie éxercé par les régles, par les réfléxions, & par l’aſſiduité du travail. Il faut avoir beaucoup vû, beaucoup lû & beaucoup étudié pour diriger ce Génie, & pour le rendre capable de produire des choſes dignes de la poſterité.

Cependant comme le Peintre ne peut,