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obſcur dans un Tableau, il y en ait un qui ſoit plus ſenſible, & qui domine ſur les autres, en ſorte qu’il y ait unité d’objet, comme dans la Compoſition, unité de ſujet.

Le Pinceau. Que le Pinceau ſoit hardi & léger s’il eſt poſſible ; mais ſoit qu’il paroiſſe uni, comme celuy du Corrége, ou qu’il ſoit inégal & raboteux, comme celuy de Rembrant, il doit toûjours être moëlleux.

Les Licences. Et enfin que ſi l’on eſt contraint de prendre des licences, qu’elles ſoient imperceptibles, judicieuſes, avantageuſes, & autoriſées ; les trois premiéres eſpeces ſont pour l’Art du Peintre, & la derniére regarde l’Hiſtoire.

La Grace. Un Peintre qui poſſéde ſon Art dans tous les détails que l’on vient de répréſenter, peut à la vérité s’aſſurer d’être habile, & de faire infailliblement de belles choſes : mais ſes Tableaux ne pourront être parfaits ſi la Beauté qui s’y trouve n’eſt accompagnée de la Grace.

La Grace doit aſſaiſonner toutes les parties dont on vient de parler, elle doit ſuivre le Genie ; c’eſt elle qui le ſoutient & qui le perfectionne : mais elle ne peut, ni s’aquerir à fond, ni ſe démontrer.