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que cette touche ſoit toûjours légére & fretillante, pour parler ainſi : que les devans ſoient riches, ou par les objets, ou du moins par une plus grande éxactitude de travail qui rend les choſes vrayes & palpables : que le Ciel ſoit léger, & qu’aucun objet ſur la Terre ne luy diſpute ſon caractére aérien, à la réſerve des eaux tranquilles & des corps polis qui ſont ſuſceptibles de toutes les couleurs qui leurs ſont oppoſées : des celeſtes comme des terreſtres. Que les nüages ſoient d’un bon chois, bien touchez & bien placez.

La Perspective. Que la Perſpective ſoit réguliére, & non d’une ſimple pratique peu éxacte.

Le Coloris. III. Partie. Que dans le Coloris, qui comprend deux choſes, la Couleur locale, & le Clair-obſcur ; le Peintre ait grand ſoin de s’inſtruire de l’une & de l’autre : c’eſt ce qui le diſtingue des artiſans qui ont de commun avec luy les meſures & les proportions ; & c’eſt encore ce qui le rend le plus véritable & le plus parfait imitateur de la Nature.

La Couleur locale. La Couleur locale n’eſt autre choſe que celle qui eſt naturelle à chaque objet en quelque lieu qu’il ſe trouve, laquelle le diſtingue des autres, & qui en marque parfaitement le caractere.

Le Clair-obscur. Et le Clair-obſcur eſt l’art de diſtri-