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ſi l’infidélité des contours ne redreſſoit des yeux habiles.

Et la troiſiéme, qui eſt fidéle & facile, & qui eſt faite par une main ſavante & légère, & ſur tout dans le tems de l’Original, embaraſſe les plus grans Connoiſſeurs, & les met ſouvent au hazard de prononcer contre la vérité, quoy que ſelon la vrai-ſemblance.

S’il y a des choſes qui ſemblent favoriſer l’originalité d’un Ouvrage, il y en a auſſi qui paroiſſent la détruire ; comme la répétition du même Tableau, l’oubli où il a été durant beaucoup de tems, & le prix modique qu’il a coûté. Mais encore que ces conſidérations puiſſent être de quelque poids, elles ſont ſouvent très-frivoles faute d’avoir été bien éxaminées.

L’oubli d’un Tableau vient ſouvent, ou des mains entre leſquelles il tombe, ou du lieu où il eſt, ou des yeux qui le voyent, ou du peu d’amour que ſon poſſeſſeur a pour la Peinture.

Le prix modique procéde ordinairement de la néceſſité ou de l’ignorance de celuy qui vend.

Et la répétition d’un Tableau, qui eſt une cauſe plus ſpécieuſe, n’eſt pas toûjours une raiſon bien ſolide. Il n’y a preſque point de Peintre qui n’ait répété