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III.
Si un Tableau est Original, ou Copie.

Mon intention n’eſt pas de parler icy des Copies médiocres, qui ſont d’abord connuës de tous les Curieux, encore moins des mauvaiſes, qui paſſent pour telles aux yeux de tout le monde. Je ſuppoſe une Copie faite par un bon Peintre, laquelle mérite une ſérieuſe réfléxion, & mette en ſuſpend, au moins quelque tems, la déciſion des Connoiſſeurs les plus habiles. Et de ces Copies, j’en trouve de trois ſortes.

La première eſt faite fidélement, mais ſervilement.

La ſeconde, eſt légére, facile, & non fidéle.

Et la troiſiéme, eſt fidéle, & facile.

La prémiére, qui eſt ſervile & fidèle, rapporte, à la vérité, le Deſſein, la Couleur & les Touches de l’Original : mais la crainte de paſſer les bornes de la préciſion, & de manquer à la fidélité, appéſantit la main du Copiſte, & la fait connoître ce qu’elle eſt, pour peu qu’elle ſoit éxaminée.

La ſeconde, ſeroit plus capable d’impoſer, à cauſe de la légéreté du Pinceau,