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de Voyage, mais d’un Voyage commode & curieux à ceux qui n’en ont jamais fait, ou qui ne ſont pas en état d’en faire.

Ainſi il eſt conſtant par tout ce que l’on vient de dire, que la vûë des belles Eſtampes, qui inſtruit la jeuneſſe, qui rappelle & qui affermit les connoiſſances de ceux qui ſont dans un âge plus avancé, & qui remplit ſi agréablement le loiſir de la Vieilleſſe, doit être utile à tout le monde.

On n’a point crû devoir entrer dans le détail de tout ce qui peut rendre recommandable l’uſage des Eſtampes ; l’on croit que le peu qu’on en a dit eſt ſuffiſant pour induire le Lecteur à tirer des conſéquences conformes à ſes vuës & à ſes béſoins.

Si les Anciens avoient eu en cela le même avantage que nous avons aujourd’huy, & qu’ils euſſent par le moyen des Eſtampes tranſmis à la Poſtérité tout ce qui étoit chez eux de beau & de curieux, nous connaîtrions diſtinctement une infinité de belles choſes dont les Hiſtoriens ne nous ont laiſſé que des idées confuſes. Nous verrions ces ſupérbes Monumens de Memphis & de Babylone, ce Temple de Jeruſalem que Salomon avoit bâti dans ſa magnificence.