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Le premier eſt de divertir par l’imitation, & en nous répréſentant par leur Peinture les choſes viſibles.

Le 2e. eſt de nous inſtruire d’une maniére plus forte & plus promte que par la parole. Les choſes, dit Horace, qui entrent par les oreilles prennent un chemin bien plus long, & touchent bien moins que celles qui entrent par les yeux, leſquels ſont des témoins plus ſûrs & plus fidéles.

Le 3e. D’abréger le tems que l’on employeroit à relire les choſes qui ſont échapées de la mémoire, & de la rafraîchir en un coup d’oeil.

Le 4e. De nous répréſenter les choſes abſentes comme ſi elles étoient devant nos yeux, & que nous ne pourrions voir que par des voyages pénibles, & par de grandes dépenſes.

Le 5e. De donner les moyens de comparer pluſieurs choſes enſemble facilement, par le peu de lieu que les Eſtampes occupent, par leur grand nombre, & par leur diverſité.

Et le 6e. De former le Goût aux bonnes choſes, & de donner au moins une teinture des beaux Arts, qu’il n’eſt pas permis aux honnêtes gens d’ignorer.

Ces effets ſont généraux : mais chacun en peut ſentir de particuliers ſelon ſes lumiéres & ſon inclination ; & ce n’eſt