Page:Abregé de la vie des peintres (Roger de Piles, Muguet, 1699).djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rembrant, ceux du Bénédétte, & de quelques autres.

Les Deſſeins touchez & peu finis ont plus d’Eſprit, & plaiſent beaucoup davantage que s’ils étoient plus achevez, pourvû qu’ils ayent un bon Caractére, & qu’ils mettent l’Idée du Spéctateur dans un bon chemin : la raiſon en eſt que l’imagination y ſupplée toutes les parties qui y manquent, ou qui n’y ſont pas terminées, & que chacun les voit ſelon ſon Goût. Les Deſſeins des Maîtres qui ont plus de Génie que de Sience, donnent ſouvent occaſion de faire l’éxpérience de cette vérité. Mais les Deſſeins des Excellens Maîtres, qui joignent la Solidité à un beau Génie, ne perdent rien pour être finis ; auſſi doit-on eſtimer les Deſſeins à meſure qu’ils ſont terminez, ſuppoſé que les autres choſes y ſoient également.

Quoy que l’on doive préférer les Deſſeins dans leſquels il ſe trouve plus de parties, l’on ne doit pas rejetter pour cela ceux où il ne s’en rencontreroit qu’une ſeule, pourvû qu’elle y ſoit d’une maniére à faire voir quelque Principe, ou qu’elle porte avec ſoy une ſingularité ſpirituelle, qui plaiſe, ou qui inſtruiſe.

On ne doit pas non plus rejetter ceux