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avait alors vingt-deux ans, et demeurait, par la mort de ses parens, maîtresse incontestable d’une des plus belles fortunes de l’Italie. Le notaire suvit ses ordres, et un mois n’était pas écoulé qu’il la prévint qu’ils étaient remplis. Anna fit aussitôt demander le père Jean.

— Je pars, lui dit-elle… je quitte l’Italie. Je ne puis demeurer dans la même ville que lui, n’être séparée de sa maison que par quelques rues, respirer le même air enfin, et ne pas le voir !… cela m’est impossible… Je pars : il ignorera, comme tout le monde, le lieu de ma retraite, et, dans Milan, nul que vous, mon père, ne le saura… Ne me demandez rien au-delà… la force d’une femme, voyez-vous, est insuffisante pour accomplir une chose impossible… Priez pour moi !…

— Dieu ne peut regarder en pitié une âme aussi faible !… Comment osez-vous demander son appui quand vous n’avez rien tenté pour votre délivrance… quand vous vous manquez à vous-même ?