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— Vous ne m’aimez pas, Alfred, vous ne m’avez jamais aimée ; un véritable amour résiste à tout, il est vainqueur de tout, il peut tout ! Adieu ! adieu !

Elle prit sa main, la serra vivement, se pencha sur lui, effleura son front de ses lèvres, et, se glissant dans le jardin par une porte entr’ouverte, elle disparut avant qu’Alfred pût la retenir. À peine eut-elle disparu qu’Alfred, poussant un cri, s’élança après elle ! mais de quel côté fallait-il courir ?… Il s’arrêta un seul instant pour écouter : il faisait nuit et une nuit sombre… et pas de vent… Il écouta d’abord ; il n’entendit que les battemens de son cœur… mais ce cœur entendit à son tour le bruit déjà lointain de la marche de la jeune fille qui se trahissait par les feuilles et les branches sèches qu’elle brisait sous ses pieds.

— Au moulin ! s’écria Alfred… et, précipitant sa course, il se dirigea vers la rivière qui borde le parc. À peine eut-il dépassé le fourré