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arrivé en face du moulin, comme je vous l’ai dit tout-à-l’heure.

Alfred souffrait de cruelles douleurs quand il souffrait… aussi fléchissait-il souvent devant les orages de l’âme. Il n’était plus lui-même devant ces périls que les passions suscitent devant chaque nouveau pas qu’on fait dans leur carrière : il le savait, il connaissait son peu de courage et cette connaissance de lui-même avait une réaction fâcheuse sur le reste de son existence. C’est ainsi que, pour échapper à ce qu’il croyait être une domination, il était quelquefois ce qu’il avait été le matin même ; il sentait ensuite une sorte de remords d’accueillir de l’affection, même de la bienveillance avec de rudes façons. Cette dernière impression était cause alors d’humeur plus farouche et plus sombre. Il songeait en ce moment et avec peine à ce qui s’était passé le matin entre lui et Sarah ; il se rappelait la douce inflexion de sa voix lorsqu’elle lui demandait à soigner sa souf-