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ces souffrances qu’on peut raconter, mais non pas faire comprendre… Depuis son séjour dans la famille de M. Van-Rosslyn, il avait éprouvé qu’un grand désespoir peut ne pas donner la mort ; son malheur l’avait bien accablé, mais il relevait la tête quelquefois, et son âme torturée s’endormait alors à la suite d’une vive souffrance. Il y avait du mystère dans cet homme. Ceux qui vivaient avec lui craignaient de toucher à sa douleur… elle leur était comme sympathique, car on l’aimait pour son esprit, son amabilité soutenue, malgré son bizarre caractère ; on lui savait gré de sourire, parce que ce sourire doux et rare indiquait une plaie cachée qui devait être profonde ; on lui savait aussi gré de ce qu’il devait surmonter surtout lorsque M. Van-Rosslyn le questionnait sur ce qu’il avait vu dans les jours brillans de l’empire ; mais Sarah était celle qui savait le mieux soigner cette âme souffrante ; elle la comprenait, et, sans connaître la cause de son mal, elles avait