dit-elle… Quand elle fut dans cette vallée sombre et délabrée, où nulle végétation ne se fait voir, où des glaces éternelles, des torrens et des neiges sont recouverts comme par un linceul !… — Ah ! que c’est une nature triste et morte ! s’écria-t-elle ! mais bientôt elle comprit que rien n’est mort dans la nature… tout existe et se renouvelle… tout prend une forme pour parler de Dieu et raconter ses merveilles… Cette vallée de l’Aveyron elle-même, qui d’abord, aux yeux italiens d’Anna, avait paru frappée d’un sceau de réprobation, cette vallée se vint offrir à elle sévère sans doute, mais comme principe et source fécondante, comme l’urne versant la vie aux terres au-dessous d’elle… Naturellement triste et rêveuse, Anna se plaisait ensuite à cette nature sévère, et retrouvait Dieu dans tout ce qui était vraiment grand et parlant à l’âme.
Si quelquefois Anna se rapprochait de la Suisse mondaine, c’était pour faire ses stations