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sur les traces du chamois, dans les parties les

    volume ; comment cet homme pense toujours de même ! jamais il ne se laissera avoir une fois seulement en robe de chambre !… toujours guindé, toujours à la glace, toujours sur ses gardes, il me dit aussi de prendre attention à moi-même et de regarder devant moi, afin de ne pas tomber ; aussi suis-je tellement fatiguée après quelques pages, que je laisse là le livre, le voyage et le voyageur, sans m’inquiéter de ce qu’ils deviennent tous. Il n’en est pas ainsi de la prose de M. de Chateaubriand, qui me donne un charme si doux ! Ce charme dans ce qu’il écrit est une des plus belles parties de son talent… quelle que soit la chose qu’il traite, il la prend toujours par le côté le moins lumineux ; puis il lève doucement le voile, et en arrive enfin à montrer le brillant de l’objet qu’il avait su apercevoir parmi la foule et qu’il avait fait connaître. Cette stabilité est surtout remarquable dans le Génie du Christianisme ; il a fait de cet ouvrage un cours de littérature admirable sous beaucoup de rapports : tout y est traité avec un talent comme le promettait M. de Chateaubriand, mais qu’il a grandement justifié ; il y a surtout la partie des traductions qui est admirablement traitée. Tout ce qui est du Dante, de Milton surtout ! Milton, que plus tard il devait donner à la France, en l’enrichissant ; un nouveau poème… jusqu’à présent Milton nous était inconnu… nous ne le connaissions pas, et maintenant nous sommes initiés à son génie… mais quel présent il a fait à la littérature en y ajoutant cette belle dissertation sur la littérature anglaise !… il y a une foule de beautés qui nous