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tisan de l’ennui, de ses joies. Anna, dont le goût merveilleux et le tact de l’âme savaient deviner ce qu’il lui fallait chercher, comprit que la nature, toute grande, toute majestueuse qu’elle existât au mont Blanc et dans les lieux les plus remarquables de la Suisse, devait offrir des découvertes à faire dans cette partie peu parcourue par les curieux qui, un livre à la main, voient une vallée et une ville, parce que le guide des voyageurs le leur commande[1]. Elle le pensa, et

  1. Que je connais de voyageurs comme cela !… d’hommes ayant de la fortune qui voyagent… pour voyager… pour tuer l’ennemi, comme une femme qui ne savait que faire appelait toujours le temps ! Ces hommes-là, dans le nombre desquels je place des femmes partent de Paris à des époques réglées. Ils vont dans telle ville dans telle province ; ils doivent faire six cents lieues, huit cents lieues, mille s’ils ont du temps ; ils les font ; et notez que quequefois ces voyageurs-là vous écrivent leurs voyages, et que souvent ils voyagent la nuit, et sont tellement dormeurs en voiture, qu’ils dorment même le jour. Il ne leur reste plus que la ressource de faire comme l’Anglais qui disait que toutes les femmes de Blois étaient rousses et bavardes, parce que l’hotesse de son auberge l’était. Aussi voyez-vous M. Ed*** D*** qui écrit un