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étaient pâles comme des statues d’albâtre et regardaient le vice-roi avec un air suppliant qu’il paraissait craindre de voir : il montrait dans cette action que, quel que soit le mouvement de l’âme qui porte à l’humanité, la raison politique détruit tous les raisonnemens de la vertu !…

Rentrée dans son palais, Zingha demeura long-temps plongée dans de profondes réflexions. Cet effroi qu’avaient ressenti ces jeunes filles, effroi aussi violent que si elles eussent aperçu près d’elles un serpent des montagnes ; ce mépris avec lequel les officiers du vice-roi paraissaient traiter les siens et elle-même, quoiqu’ils fissent leurs efforts pour le cacher ; cette sorte de repoussement lui fit éprouver un sentiment de haine contre cette portion d’humains qui semblait bannir l’autre et la rejeter au néant…

— Je veux entrer malgré eux dans leurs rangs, dit l’Africaine en souriant à une idée qui venait