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Au premier mouvement du vice-roi pour la rapprocher de Zingha, la jeune danseuse avait reculé avec une sorte d’effroi ; mais, lorsque son maître prononça les paroles qui la donnaient à cette femme dont la réputation de cruauté s’étendait sur toute la côte, elle ne put retenir un cri d’effroi et se rejeta violemment parmi ses compagnes… Zingha sourit… mais ce sourire était affreux !

— J’inspire donc une grande horreur à ceux de votre nation ? dit-elle au vice-roi. Pourquoi me craindre à ce point, jeune fille ? ajouta-t-elle en s’adressant d’une voix plus émue à la danseuse. Tu as bien fait, au reste, de témoigner tant de frayeur, elle sera ta sauve-garde : je veux te prouver qu’en Afrique comme en Europe les arts trouvent des protecteurs dans les rois. Le vice-roi joignit au don de la jeune esclave celui de deux de ses sœurs et de l’homme qui jouait d’une sorte de flûte au son de laquelle elles dansaient. Les malheureuses jeunes filles