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sage expressif, dont les moindres mouvemens révélaient la pensée… Elle jeta de nouveau les yeux sur la jeune négresse agenouillée, et fut au moment de la rappeler, car la jeune fille était belle et faite comme une statue de marbre noir… mais elle l’avait donnée… elle l’avait dit, et la chose demeura ce qu’elle était… Zingha, retirée dans le palais de Ruiz Anagazzo, le plus beau d’Angola, fut rêveuse et préoccupée pendant les heures qui s’écoulèrent entre celle de l’audience et celle du repas. Elle ne répondit que par monosyllabes, même à ses deux favorites, et ce ne fut qu’au moment de monter dans la superbe litière que lui envoyait le vice-roi qu’elle rappela ses esprits et redevint elle-même. C’est que dans une telle âme les momens qui précèdent une passion ont une effrayante agitation : plus elle est sourde, plus elle est terrible… Que peut-il résulter d’un tel orage ? par quels éclats la foudre de cette âme signalera-t-elle son intelligence dé-