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pour les actions finales. De même, les processus physiques, par eux-mêmes absolument étrangers à la catégorie éthique, lui sont soumis, lorsqu’ils sont liés avec la pensée humaine, adaptés à un travail conscient. En un mot, tout ce qui est imbibé de l’aperception, de l’action de la volonté consciente de l’homme, présente un terrain ouvert pour les normes éthiques, pour la liberté de l’idéal. L’aperception moralise les phénomènes. On pourrait donc dire, que la catégorie éthique est le réactif le plus sensible, d’après lequel on reconnaît la socialité des phénomènes, et partout où elle apparaît commence l’objectivation de l’être pensant, le monde social. L’application à ce monde de la double méthode créatrice et scientifique, s’impose donc d’elle-même ; car, partout où l’homme se retrouve lui-même, là, à côté de la causalité, apparaît toujours la finalité, le devoir, l’idéal, le domaine de la contingence propre au sujet. Arrivés à ces résultats par la voie d’une pure déduction, nous voyons cependant en même temps, que cette intime union de la catégorie éthique avec le phénomène social, est notre connaissance intuitive ; nous la possédons indépendamment de toute théorie, et elle est à un tel point enracinée dans notre intuition, qu’alors même, que nous serions les adeptes d’un pur fatalisme mécanique dans la vie sociale, nous ne pourrions cependant pas nous délivrer de cette nécessité mentale d’appliquer à cette vie la catégorie morale, faisant subir à chaque région de ces phénomènes, le critérium de ce qui « doit être ». Ainsi, l’analyse que nous avons accomplie, s’accordant avec l’intuition universelle, met d’autant plus en évidence la vérité du principe du phénomène social, comme étant l’objectivation de l’être pensant de l’homme.