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gence, les causes finales, l’idéal ; les simples chaînons des séries des causes, les faits, acquièrent ici un caractère éthique, sont soumis aux normes obligatoires. — Et quoique ces deux régions soient essentiellement contradictoires, elles se conditionnent mutuellement toutes les deux, forment un tout unique et indivisible. Le pôle positif est impossible à concevoir sans le pôle négatif, et inversement ; car les deux constituent seulement l’unique principe du phénomène, étant en même temps le principe du sujet pensant. Par conséquent, la contradiction méthodique se résout entièrement. Or, en admettant ce principe, nous nous plaçons sur un terrain purement humain, prenant pour point de départ la donnée primaire la plus immédiate — l’homme comme être pensant. Car, en envisageant les phénomènes comme objets de notre pensée, conditionnés nécessairement par leur négation — le sujet pensant, le « moi » humain, — nous affirmons en même temps d’une manière tacite, qu’en dehors de nous, dans la région hypothétique des êtres sur-humains, se trouve seulement le grand vide philosophique, avec lequel ni notre science, ni notre activité ne peut rien avoir de commun.

III

Passons maintenant à la nature de l’objet même de la sociologie, qui semble unir si parfaitement dans ses profondeurs l’essentielle contradiction du déterminisme et de la contingence. Avant tout surgit cette question, si ce même principe, qui nous apparaît comme indispensable pour résoudre la contradiction méthodique, conserve sa valeur envers l’objet de la sociologie, c’est-à-dire, envers le phénomène social, d’accord avec cette règle universellement exigée, que « la méthode et la doctrine doivent se présenter ensemble, inséparablement unies comme la matière et la forme » (Schopenhauer). Car, on pourrait supposer, que cette duplicité de la méthode est ici artificiellement imposée, qu’elle consiste en une illusion universelle des esprits, dont une critique plus précise de la nature des phénomènes sociaux peut nous délivrer. — L’existence d’une politique créatrice de l’histoire apparaîtrait alors comme un grand préjugé de l’époque, résultant d’une fausse conception de la vie sociale, analogue à celui du Moyen-Âge, qui à l’aide des prières et de la magie voulait transformer les processus physiques de la nature. Car, dans