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qui apparaît partout où intervient l’homme en tant qu’être pensant. La causalité et la liberté se réconcilient ici complètement, se commandent même mutuellement, comme si c’étaient les parties d’une unique synthèse[1]. — La causalité, en tant que forme de notre entendement, est la propriété exclusive du phénomène même, du phénomène comme objet de la pensée ; elle ne peut cependant pas se rapporter à son côté négatif, inconnaissable — le sujet pensant, lequel, étant la négation de tous les attributs, de toutes les formes de notre intuition, est aussi la négation de la causalité, constitue un domaine inaccessible pour elle. Le phénomène, qui envers les autres phénomènes, qui le précèdent ou le suivent, doit donc être toujours l’effet ou la cause, et par conséquent soumis à un déterminisme rigoureux, par rapport au sujet, qui ne peut point connaître d’entraves de la causalité, doit revêtir le caractère d’une liberté complète, donc, ne plus paraître un résultat nécessaire, mais un but ou un idéal, qui peut devenir ou ne pas devenir. Le rapport du phénomène au sujet devient donc celui d’une contingence finale, que nous appelons acte de volonté consciente. Il ne se laisse pas éliminer de la causalité, car il est impossible de concevoir un sujet pensant sans l’objet de la pensée.

Par conséquent, le principe du phénomène, étant en même temps celui de l’être pensant, exige également le déterminisme et la contingence. — Autour du pôle positif du phénomène, là où s’étend le monde entier, physique et mental, règne le déterminisme, la causalité naturelle, une atmosphère absolument inaccessible à toute norme éthique, dans laquelle les mots « du bien » et « du mal » deviennent des sons vides, et tout est également justifié, comme nécessaire, implacable, aveugle. — Par contre, autour du pôle négatif du phénomène, là où siège seulement le « moi » humain, inconnaissable car tout connaissant, négation du monde, là règnent la contin-

  1. Kant dit : « La nécessité naturelle sera inhérente à toute combinaison de causes et d’effets dans le monde sensible, mais la liberté sera accordée à celle des causes qui n’est pas elle-même un phénomène (bien qu’elle serve de fondement au phénomène). Par conséquent, la nécessité (littéralement, la nature) et la liberté peuvent être attribuées sans contradiction au même objet, suivant qu’on le considère sous un aspect différent, soit comme phénomène, soit comme chose en soi. » (Prolégomènes à toute métaphysique, § 53).