Page:Abramowski - Les Bases psychologiques de la sociologie.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 11 —

quoique, dans le travail productif, dans les actions de notre volonté, aussi bien que dans le cours de nos pensées, nous ne retrouvions que des phénomènes mêmes, physiques ou psychiques, formant tout le contenu des faits donnés ; mais la succession de ces phénomènes, leurs rapports mutuels, sont ici envisagés par rapport à notre volonté consciente, par rapport à l’homme comme être pensant, et c’est pourquoi leur contenu, bien qu’il soit purement phénoménal, est cependant tout à fait accessible à la méthode créatrice, aux catégories de la finalité et du devoir, tout en restant néanmoins — étant phénoménal — soumis au principe de la causalité, à la méthode scientifique. Donc, la coexistence des deux méthodes n’est possible que là, où intervient l’homme en tant qu’être pensant, où les séries des phénomènes sont envisagées par rapport au sujet. — Comment cela se justifie-t-il ? Quel est le point mystérieux qui existe dans l’homme, et qui, non seulement permet la coexistence des deux méthodes qui s’excluent réciproquement, mais exige même cette coexistence ; qui, n’affaiblissant en rien le déterminisme phénoménal, lui impose néanmoins des normes obligatoires et lui laisse entrevoir les hauteurs sublimes de l’idéal ?

II

Pour le comprendre, nous sommes obligés de nous adresser à la théorie pure de la connaissance, et de rechercher la solution du mystère dans le principe même du phénomène. — Le phénomène — c’est tout ce avec quoi nous pouvons entrer dans un rapport quelconque, tout ce qui est ou peut être accessible à notre expérience extérieure ou intérieure, qui se dresse devant nous comme quelque chose de donné. Puisque cela seul existe pour nous positivement, qui entre de n’importe quelle manière dans le domaine de notre expérience, dans notre vie, en qualité de choses réelles ou possibles, physiques ou mentales, — par conséquent, toute existence ayant une valeur positive — la seule dont nous pouvons savoir quelque chose — est un phénomène. Les objets du monde extérieur, les faits de la vie, de même que tous les états psychiques, l’actualité réelle, aussi bien que la possibilité, en un mot tout le contenu de l’âme et de l’espace, constitue la phénoménalité. — Or, si, indépendamment de toute école métaphysique, indépendamment de la manière dont nous envisa-