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psychiques qui sont soumis à l’action de notre aperception, présentent une nature purement sociale ; quant à l’individualité elle s’oppose à eux, comme étant seulement ce qui constitue la matière intuitive pour l’action de notre aperception, des données d’une nature émotionnelle servant aux opérations de la pensée, et qui ne possèdent pour nous la valeur d’un phénomène réel qu’en tant qu’ils sont aperceptivement déterminés comme objet de la pensée.

L’application de ce principe à la méthode sociologique consisterait à savoir retrouver dans chaque abstraction sociale la face humaine, et à y saisir ce nœud vital de la réalité, dont les pulsations nous apparaissent dans des formes en apparence métaphysiques, des catégories sociales. Étant donné une forme sociale quelconque, comme la propriété, les lois de l’échange, la constitution politique, le code des mœurs, cette forme, étant de sa nature même l’organisation sociale d’une certaine réalité originaire humaine, nous apparaît, dans son caractère d’abstraction, comme produit dérivé de la vie collective ; il faut donc, au lieu de considérer ces données formelles comme s’imposant à l’homme d’une sphère étrangère à lui, comme autant de copies de modèles « métaphysiques » sommeillant depuis des siècles au sein de la raison impersonnelle, les ramener à leur expression humaine, pénétrer leur côté dynamique, reconnaître ce qui s’organise et se consolide dans les catégories économiques et juridiques données. C’est de ce point de vue philosophique que nous voulons analyser quelques-unes des principales notions de la théorie du « matérialisme historique », ce qui pourra nous donner en même temps certaines indications sur le phénoménalisme dans son application aux problèmes de l’histoire.


I


§ 2. — Avant tout, commençons par le problème le plus essentiel : qu’est-ce qui détermine l’organisation sociale ? Le « matérialisme » indique la catégorie économique des faits. Mais qu’est-ce que cette catégorie elle-même ? Considérée du cote formel et statique, elle se présente comme l’organisation des rapports de la propriété et de l’échange, laquelle ne trouve sa valeur réelle que dans son expression juridique. Quant au côté dynamique de l’organisme juridique et économique, quant au laboratoire où les formes s’élaborent, et qui se cache sous elles, c’est