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nous verrons facilement que les facteurs économiques, comme tous les autres, ne peuvent être distraits de l’ensemble de la vie sociale comme cause déterminante ; que si la politique et l’idéologie entière de la société peuvent être considérées comme superstructure des rapports économiques, comme résultat immédiat de leur influence latente sur les cerveaux humains, il n’est pas moins vrai que tous les processus économiques ont aussi leurs causes dans la vie sociale, et doivent être considérés eux-mêmes comme résultat de la politique et de l’idéologie de l’époque précédente. En affirmant qu’ils sont une force formatrice pour l’organisation juridique et l’idéologie sociale, nous ne pouvons pas, cependant, oublier qu’eux-mêmes ne sont qu’un composant dans le tout synthétique de l’ordre donné, que, étant rapports économiques, ils sont par cela même rapports juridiques, et supposent nécessairement une certaine atmosphère idéologique adaptée à eux et déjà existante. Nous entrons donc dans un cercle vicieux du raisonnement, où le même facteur exerce à la fois deux fonctions qui s’excluent mutuellement en apparence : tantôt comme résultat organisé de l’ensemble de la vie sociale, tantôt comme élément déterminant de cette vie. Mais cette duplicité de nature contient aussi la solution du monisme historique, si nous prenons en considération que sous la forme de la production se retrouve immédiatement l’essence de tous les processus sociaux, transmuée en éléments de la technique et de la culture ; que la production qui, de son côté formel, appartient à la synthèse de l’organisme social, et, comme telle, ne peut être considérée comme sa cause déterminante, du côté de son contenu, qui organise ses formes, ne représente autre chose que les forces productives et les besoins de la société se recherchant mutuellement dans l’individu, formant en lui, dans l’homme vivant, ce nœud socio-individuel, dont nous avons étudié les transformations dans les thèses de la dialectique de l’histoire. Dans ce nœud se réalise non seulement l’unité de l’individu et de son milieu social, mais aussi la genèse commune de toute l’hétérogénéité des faits historiques. Dans le premier sens, — comme terme commun de l’individu et de son milieu social, — il exprime la totalité de l’organisation sociale réduite à son concretum humain, l’histoire réfléchie dans l’individu, dans le point réel de ces processus, et, en raison de cela, il peut être justement considéré comme le dernier, le plus petit élément de la vie sociale, comme le vrai atome sociologique. Ainsi, par exemple, toute l’histoire du féodalisme, réduite à l’individu, se retrouve dans la formule examinée plus haut (faculté productive de l’individu = sa subsistance + la plus-value en nature),