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type économique, la production coopérative, et amener les cerveaux des Arkwright et des Watt à l’invention d’une nouvelle technique. La nouvelle coopération, apparue dans les fermes à corvée et les manufactures des marchands, fut donc le berceau du capital. La valeur qui était produite ici par la force collective des ouvriers, surpassant la somme des valeurs produites individuellement, contenait en elle, non seulement la plus-value en valeurs d’usage, destinée à la consommation (produit du travail individuel), mais aussi une plus-value nouvelle, inconnue jusqu’à présent au monde humain, d’un caractère purement échangeable, produit de la collectivité humaine, qui, dépassant la sphère des besoins personnels des propriétaires, ne naissait qu’afin d’engendrer, par sa transformation en instruments de travail et en force ouvrière, une nouvelle postérité de valeurs, de réaliser les rêves humains de civilisation et d’être la force créatrice et immortelle de l’humanité. Si cependant cette espèce de plus-value peut apparaître au sein d’une nouvelle synthèse productive des forces sociales, ce n’est que parce que cette synthèse, réalisée dans les manufactures et les fermes, en transformant le producteur isolé et intégral en collaborateur partiel d’une coopération basée sur la division du travail, en le mettant directement en rapport avec le génie inventif de la technique et de la culture sociale, augmente en même temps la faculté productive de l’individu. Or, avec l’apparition de cette nouvelle plus-value dans le travail individuel, une nouvelle âme vivifiante pénètre dans les richesses du monde féodal et les transforme en capital. Le féodalisme aboutit donc à sa négation, et ceci par l’intermédiaire de sa propre idéologie. Car c’est d’elle que dérivent tous les agents sociaux qui ont concouru à la formation d’une nouvelle synthèse productive, puisque, comme l’expropriation des paysans n’aurait pu se faire sans les droits féodaux, réunis intimement avec tout le système des conceptions religieuses et morales de cette époque, de même la grande conversion des objets d’utilité en marchandises ne serait pas sortie spontanément des tenures censives, considérées comme une catégorie purement économique, sans l’action de cet esprit de la chevalerie et du fanatisme mystique, qui, en dépit de l’individualisme des enclos féodaux, tout en étant leur produit immédiat, posait néanmoins devant elle des problèmes collectifs, enseignait aux hommes la langue sociale, créant ainsi l’histoire des Croisades et de la Renaissance.

Donc, la troisième thèse dialectique repose sur le même principe que les précédentes : les processus historiques qui émanent de l’idéologie féodale, se convertissent en nouveaux éléments techniques et culturels,