Page:About - Voyage à travers l'exposition des Beaux-Arts, 1855.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans cet enthousiasme métallique qu’ils soulèvent dans leur pays ? C’est une question qu’il eût été difficile de résoudre l’an passé. Les peintres anglais n’ont pas, comme les belges, l’habitude d’envoyer leurs œuvres à nos expositions. Nous ne connaissions leurs tableaux que par la gravure. Or la gravure, et surtout la gravure au burin, ne rend que la composition et le dessin : c’est à peine si elle peut indiquer la couleur. Il ne faut qu’une idée spirituelle et un dessin correct pour faire une vignette admirable : il faut quelque chose de plus pour faire un tableau.

Ceux qui, sur la foi du burin, ont conçu une haute idée de la peinture anglaise, éprouveront une légère déception en entrant dans la galerie des peintres anglais. La première impression est faible. Le regard, qui n’est attiré par aucune œuvre capitale, est choqué par un certain nombre de tableaux excentriques, avant de découvrir vingt ou trente toiles soignées et réussies, d’une composition ingénieuse, d’un dessin exact, d’une exécution irréprochable.

Au second examen, on acquiert la conviction que les peintres anglais ont infiniment d’esprit, de savoir et d’adresse. Les idées fines abondent, je dirais presque surabondent ; les procédés du métier sont mis en œuvre avec une habileté prodigieuse : si ces deux qualités suffisaient pour faire un peintre, l’école anglaise serait la première de l’univers.

Mais dans les arts il y a quelque chose de supérieur à l’esprit : c’est la naïveté. Il y a quelque chose de supérieur à l’adresse : c’est la force. Qui oserait mettre en balance l’esprit de Sterne et le savoir-faire