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TOLLA.

gné. Elle n’aimail ni le jeu, ni la conversation, ni la musique, excepté quelques vieux airs qu’elle jouait sur son piano lorsqu’elle était seule ; elle avait renoncé à la danse à l’âge de dix-neuf ans, une année avant son mariage. Sa position et la fortune de son mari l’avaient condamnée à recevoir et à aller dans le monde ; cependant ni dans le monde ni chez elle aucun homme ne lui avait fait la cour. Une heure d’entretien lui avait toujours suffi pour éteindre les passions que sa beauté avait allumées. L’amour le plus intrépide aurait reculé devant le spectacle de ce cœur brisé, de cette sensibilité éteinte, de cette âme pleine de ruines mystérieuses. Elle n’aimait, après Dieu, que son fils Philippe, un beau jeune homme de vingt ans, qui venait d’entrer dans la garde noble. Elle ne haïssait personne : le seul homme dont elle évitât la rencontre était un ancien ami de son mari, le colonel Coromila. Sa vie égale et monotone était comme un tissu de prières et de bonnes actions. Toutes ses matinées se passaient à l’église des Saints-Apôtres, sa paroisse ; le soir, elle allait dans les salons, comme une sœur de charité dans les mansardes, pour soutenir les faibles et soulager les aflligés. Elle excellait à consoler les amours malheureux et à guérir ces secrètes blessures de l’âme pour lesquelles le monde a si peu de pitié. Elle s’employait, avec une prédileclidii visible, à