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TOLLA.

cées représentant Rome, Naples, Florence et Venise ; ces belles tapisseries du xvie siècle, dont le temps avait adouci et fondu les couleurs ; ces meubles d’ébène imperceptiblement fendillée ; ce vieux lustre de cristal de roche ; ce piano de Vienne, dont les sens étaient amortis par les tentures, tout respirait une bonhomie grandiose et un peu triste. Les domestiques, enfants de la maison, vêtus de livrées héréditaires, présentaient si cordialement les verres de limonade, que pas un des invités ne songeait à regretter les réceptions fastueuses et la prodigalité banale de tel prince ou de tel banquier.

Le salon, les meubles, les habitudes douces et régulières de la maison, tout encadrait merveilleusement la figure de la marquise. Elle touchait à sa quarantième année ; elle était grande, un peu maigre, et blonde avec d’admirables yeux noirs. Sa beauté était faite de dignité, de bienveillance et de tristesse. Elle portait invariablement une robe de velours noir, et personne ne se souvenait de l’avoir vue autrement vêtue, même dans sa jeunesse et du vivant de son mari. Quoique sa mère lui eût laissé de beaux diamants, on ne lui vit jamais d’autres bijoux qu’une petite bague d’or, presque usée, qui n’était pas un anneau de mariage. Celte digne cl sérieuse personne ne riait jamais ; son sourire avait je ne sais quoi de rési-