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TOLLA.

travail, et que l’appât de ces couronnes tant enviées lui ferait regagner le temps perdu. Il la conduisit à la surintendante de l’institut royal, la comtesse Trebiliani.

Tolla, jetée sans transition dans les habitudes régulières et presque monastiques d’une grande communauté, n’eut pas le temps de regretter sa liberté, sa famille et les bois de Lariccia. Elle s’éprit pour l’étude d’une passion soudaine, mais où la curiosité avait plus de part que l’émulation. Elle se souciait médiocrement de paraître savante, mais elle conçut un incroyable désir de savoir. Toutes les facultés sérieuses de son esprit, brusquement éveillées, entrèrent en travail, et l’on crut reconnaître que l’oisiveté où elle avait vécu avait centuplé ses forces. Son esprit ressemblait à ces terres incultes du nouveau monde qui n’attendent qu’une poignée de semence pour révéler leur inépuisable fécondité. Ignorante comme elle l’était, tout lui parut nouveau, tout piquait sa curiosité ; elle ne dédaignait rien, rien ne lui semblait usé ni banal. Les histoires les plus insipides, les abrégés les plus nauséabonds avaient pour elle autant d’attraits que des romans. La géographie lui parut une science curieuse et attachante : en feuilletant un atlas, elle éprouvait les émotions d’un voyageur qui découvre des Amériques à chaque pas. Pour tout dire en un mot, rien ne la rebuta, pas même l’arithmétique ;