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TOLLA.

Un an plus tard, Victoria eut un frère qu’on appela Victor. Le triomphant petit comte Alexandre n’avait pas trouvé de noms plus modestes pour ses enfants. C’était plaisir de l’entendre demander si son fils Victor avait pris le sein, et si sa fille Vjttoria avait mangé sa bouillie. La comtesse et les gens de la maison appelaient tout bonnement le petit garçon Toto et la petite fille Tolla.

Le palais Feraldi est situé dans un des plus nobles quartiers de Rome, à deux pas de l’ambassade de France. Il n’est ni très-grand ni très-beau : il n’a ni la vétusté originale du palais de Venise, ni l’immensité du palais Doria, ni la majesté du palais Farnèse ; mais il a un jardin. Tolla fut élevée au milieu des arbres et des fleurs. Une grande allée, abritée contre le vent du nord par une muraille de cyprès, était sa promenade d’hiver. À l’âge de sept ou huit mois, elle fit la connaissance d’un vieux citronnier en fleurs qui devint son meilleur ami. Elle tendait vers lui ses petits bras ; elle arrachait à belles mains les longues fleurs et les gros boutons violacés, et elle les portait à sa bouche. Le médecin de la maison, le docteur Ely, permit que dès les premiers jours d’avril on la gardât une heure ou deux au jardin, étendue en liberté sur un tapis, à l’ombre de son citronnier, ou sous un chêne vert, autre ami vénérable. L’été venu, c’est au jardin qu’elle prit ses premiers bains, dans une eau que