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homme à négliger ses affaires. Mais nous, qu’allons-nous devenir ? — Bah ! répond-il avec un sourire philosophique, la Madone ne nous laissera pas en plan.

Le fait est que le lendemain matin la voiture était attelée de trois rosses, aussi laides, aussi courageuses et aussi carillonnantes que les premières.

Voici l’ordre et la marche invariable du voiturin. Au petit jour, il éveille ses voyageurs et fait charger le bagage. Un café s’ouvre à dix pas de l’auberge ; le voiturin nous y conduit et nous fait servir le premier déjeuner. On se met en route à la fraîcheur, et l’on chemine au petit trot jusque vers dix heures du matin. C’est le moment de la grande halte. Les bagages sont déchargés pour le cas où quelque voyageur aurait la fantaisie de changer de linge. On nous sert un repas modeste, mais solide, arrosé de quelque petit vin du cru. Une fois lestés nous courons le pays ; les paresseux ont le droit de demander une chambre et de faire la sieste. Entre deux et trois heures, on remonte en voiture et l’on trotte, toujours piano, jusqu’à six. Les bagages redescendent, les chevaux vont à l’écurie et les voyageurs se promènent jusqu’à l’heure du souper.

Tout cela est si bien réglé, si bien convenu, que cinq ou six voiturins peuvent voyager de conserve sans jamais se perdre de vue. Notre jeune avocat nous raconta l’histoire d’un de ses amis qui s’est marié d’un voiturin à l’autre. Il remarqua le premier jour une jolie fille qui voyageait avec ses parents pour recueillir quelque modeste héritage. Il la reconnut le lendemain, lui sourit le surlendemain, lui parla le quatrième jour, la demanda en mariage le cinquième, et l’obtint au bout de la semaine,