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vont aux champs, les femmes vont chercher de l’eau ou du bois. Dans la chaleur du jour, la petite cité est déserte et comme morte. Vers le soir, quand le vent fraîchit un peu, les employés sortent de leurs bureaux et vont s’asseoir devant le café. Le monsignor, s’il y en a un dans la localité, commence sa petite promenade en bas violets, flanqué de deux familiers laïques ou ecclésiastiques et suivi d’un laquais en grande livrée. À la chute du jour, les marchands de verdure étalent sur la place. Les paysans rentrent au village, chargés de leur fatigue et de leurs outils pesants ; ils achètent quelques maigres provisions pour le repas du soir. Les femmes reviennent de la fontaine avec une conque pleine d’eau fraîche ; on soupe et l’on s’endort. Quelquefois, on prend sur la nuit pour entendre un sermon dans une église tapissée de fanfreluches. La fatigue du corps, le sommeil de l’esprit, l’ignorance du passé, les difficultés du présent, l’incertitude de l’avenir et une certaine résignation somnolente, remplissent l’existence de ces pauvres gens. Un ennui glacial suinte des murailles. On travaille, on mange, on boit, on peuple mélancoliquement.

Si Rome venait à être engloutie par un tremblement de terre, les paysans de ces villages continueraient à cultiver leurs champs, à consommer leurs récoltes sur place et à végéter dans une misère assez courageuse. Chaque petit municipe vit par soi et pour soi sur un sol qui n’est pas stérile. Les contributions communales payent le médecin communal, le chirurgien communal, l’instituteur communal et la réparation telle quelle du chemin communal. L’État prélève une grosse part sur les revenus de chaque année. En échange de l’impôt, il envoie un