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rait ; que mon premier mari était mort, que je n’étais pas une sainte pour le ressusciter, et que le mieux était de n’y penser plus. Elle épousa donc l’autre, qui n’était pas un méchant garçon, comme je vous l’ai dit, et qui avait eu beaucoup d’amitié pour nous.

« J’avais eu deux enfants de mon deuxième mari, et je vivais heureuse en sa compagnie, quand il lui arriva une grande contrariété. Il réclamait deux ou trois écus à un homme pour qui il avait travaillé. Son débiteur refusait de payer, attendu qu’il était riche et qu’il connaissait le juge. Alors mon mari, ne pouvant obtenir d’autre justice, le tua. Le pauvre homme, après ce coup de tête, n’eut plus qu’à se faire brigand et à courir la montagne. Il vint du côté de Sonnino et se mit avec les autres. Moi, je rentrai chez mes parents, et j’avais souvent de ses nouvelles. Tantôt il venait me voir en cachette : tantôt il me faisait passer quelques douceurs.

« Mais le pape Léon, qui avait résolu d’en finir avec le brigandage, ordonna que les femmes et les enfants de tous ceux qui tenaient la montagne seraient amenés de force jusqu’à Rome. Je fus mise aux Thermes avec beaucoup d’autres femmes de chez nous. J’y retrouvai ma sœur, dont le mari était aussi à la montagne, et plus de la moitié des familles de Sonnino. Le pape était dans une si grande colère qu’il parlait de raser le village. On avait amené des canons jusque sur les montagnes qui nous dominent, et vous ne verriez plus pierre sur pierre si le cardinal Consalvi n’avait intercédé pour nous.

« Pendant que nous étions aux Thermes, les messieurs et les artistes y venaient tous les jours, les uns pour nous voir, les autres pour dessiner d’après nous. C’est alors que