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procession sortit. Presque tous les hommes de Sonnino sont enrôlés dans une confrérie, dont ils portent le camail et le capuchon. La confrérie des Âmes du Purgatoire est la plus noble, c’est-à-dire qu’elle se compose des paysans les plus aisés. Celles du Corps de Jésus et du Nom de Marie sont rivales ; une dispute s’éleva entre elles pour le pas, et je vis l’instant où les massiers allaient jouer du bâton. Toutefois on s’en tint aux injures, l’ordre se rétablit, et un long cortège hérissé de croix et de bannières s’engagea en trébuchant dans les rues de la ville. La procession était close par un veau orné de rubans, offrande un peu païenne qu’un propriétaire avait faite à saint Antoine. Le donateur menait pieusement l’animal. Il le tenait d’une main par la tête, et de l’autre par la queue.

Bien souvent le cortège s’arrêta dans son chemin. C’était tantôt une bannière qui ne pouvait passer sous une voûte, tantôt un enfant qu’il fallait ramasser, tantôt les porteurs de saint Antoine qui se faisaient relayer, tantôt le veau final qui refusait d’aller plus avant. À chaque station quelqu’un s’écriait : Ave Maria ! ce qui veut dire Arrêtez ! en style de procession.

Les rares habitants qui étaient restés au logis se tenaient à leurs fenêtres, et faisaient pleuvoir des fleurs de genêt ou des œillets effeuillés.


Nous avions couru en avant et nous nous étions postés dans un coin de la place. J’y fis connaissance avec le médecin communal, qui vint sans façon se présenter à moi.