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volumes de Voltaire et de Rousseau ; car il lisait le français, s’il ne le parlait pas. Rousseau était son homme, et il s’était réuni plus d’une fois avec quelques camarades pour le commenter à huis clos. Il jugeait le gouvernement pontifical comme tous les hommes de la classe moyenne, et il espérait vivre assez longtemps pour le voir à bas. En attendant, il sollicitait un emploi dans les travaux publics.


La foire se tenait aux deux extrémités du village. Je comptai une douzaine de petites boutiques assez mal assorties. On devinait au premier coup d’œil que Sonnino n’est pas la capitale du commerce. Quelques pièces de toile, quelques foulards de soie ou de coton, un peu de chaudronnerie et de poterie grossière, beaucoup de chapelets et des cerises en quantité : voilà tout ce que j’inscrivis sur mes tablettes. Ajoutez un fond de librairie consistant en historiettes à un sou et complaintes édifiantes ; enfin une cargaison de planchettes très-minces que le marchand ajustait en un instant pour fabriquer des chaises, des coffres, des fauteuils et même des canapés.

Les rues commençaient à se remplir de monde. Les hommes étaient grands, maigres, basanés ; les femmes mignonnes et délicates. Le costume national, qui est à la fois sévère et coloré, se montrait çà et là ; mais les soieries modernes, qui finiront par tout envahir, gâtent déjà la toilette des femmes. Hommes et femmes portaient des fleurs à la main, à la bouche ou dans la coiffure.

La foule allait et venait sans glisser le long des escaliers