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La maison qu’il habite est d’un plan difficile à décrire. On y entre par la rue du Milieu, mais le premier étage fait une grande enjambée et passe dans un autre quartier. Un corridor en escalier nous conduisit dans une cuisine enfumée, où se tenait la maîtresse de la maison avec sa fille unique, jolie brune de quinze ans. Après les premiers compliments, on nous fit monter une douzaine de marches, et l’on nous montra la salle à manger. De là, je pris par un toit qui conduisait à un escalier aboutissant à un couloir qui donnait sur ma chambre, et, tout en lavant sur mon corps la poussière de la route, je me demandais comment deux mille cinq cents personnes pouvaient circuler sans se perdre dans un village ainsi bâti.


Bientôt mon aimable guide me fit appeler pour me présenter son ancien modèle. Je vis une grande et forte créature de cinquante à soixante ans, borgne et presque aveugle, mais pleine de bonne humeur et de santé. Elle parlait vite, d’une voix très-mâle et d’un ton bourru. Cependant elle me fit bon accueil. L’arrivée de son bienfaiteur et de son ancien maître, qui avait peut-être été quelque chose de plus pour elle, lui causait une satisfaction évidente ; mais sa joie n’avait rien d’expansif ni d’éclatant. On reconnaissait dans ses manières cette impassibilité villageoise, qui a sa source dans l’habitude de travailler et de souffrir. Son costume était tout moderne et semblable à celui des paysannes de Bièvre ou de Montreuil. Elle préférait évidemment les robes d’indienne et les fou-