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Rospigliosi a 1400 buffles, Cesarini, 800, et Caserta, 1000. Un buffle mâle, à trois ans, vaut 35 écus ; une femelle en vaut 18 ou 20 ; un castrat se vend jusqu’à 30.

La chair de buffle est très-médiocre, mais les Napolitains s’en contentent et les juifs du Ghetto s’en régalent. À Terracine, sur la frontière des États du pape, on tue un buffle par semaine, en septembre, octobre et novembre. Les indigènes se persuadent que la chair est plus délicate quand l’animal est fatigué. On attache un long câble aux cornes de cette hideuse victime, et vingt gaillards robustes se pendent à l’autre bout. Ainsi accompagné, on lance le buffle à travers les rues, et lorsqu’il a pris un grand élan, on l’arrête court. On lui rend son essor et on l’arrête de nouveau, tant qu’il a des forces. Il ne reçoit le dernier coup qu’après avoir brisé quelques arbres, enfoncé quelques murs et estropié quelques passants.

Souvent encore on le lâche sur une place, et l’on ferme solidement toutes les issues. Les jeunes gens les plus braves sortent de chez eux pour l’agacer, et rentrent au plus vite. Certain jour, un buffle, las de se donner en spectacle, enfonça une porte cochère et monta jusqu’au deuxième étage. Rien n’était plus étrange à voir que ce comédien devenu spectateur. Le boucher seul put l’arracher de sa loge.


Ces jeux cruels sont dans le goût du petit peuple. Je m’étonne qu’un gouvernement ecclésiastique n’ait jamais rien fait pour adoucir les mœurs. Sur les ponts de Rome, on voit les enfants pêcher aux hirondelles. J’ai rencontré