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appartement des Capucins où tout est mort, même le mobilier ? C’est un rez-de-chaussée de huit ou dix pièces sur la cour. Je me suis arrêté à regarder l’intérieur, un jour que toutes les fenêtres étaient ouvertes pour aérer le local. Le meuble est uniforme et les locataires sont uniformément vêtus. La boiserie est un lacis d’ossements. Sur les lits de repos ménagés dans le mur, reposent des squelettes de capucins, dans leur froc ; l’un a conservé la peau, l’autre la barbe. Des guirlandes de vertèbres égayent la nudité des murs. L’imagination capricieuse des moines s’est livrée à mille fantaisies funèbres : cubitus entrelacés, faisceaux de radius, corbeilles d’omoplates, bassins suspendus en forme de lustres avec des bobèches découpées dans la calotte des crânes. Le sol de chaque pièce couvre une quinzaine de capucins, couchés sur deux rangs en bon ordre. La terre qui les revêt directement, sans cercueil, est une terre miraculeuse, rapportée des croisades, dit-on. En réalité, c’est une sorte de pouzzolane mélangée d’arsenic, qui a la vertu de dévorer les chairs en quelques jours. De cette pouzzolane au bûcher antique, il n’y a pas loin.

Nous avons une caserne dans le même couvent. Nos soldats fument tranquillement leur pipe dans la cour, devant ces fenêtres ouvertes.

L’église de la Bonne-Mort a son caveau, décoré dans le style funèbre comme le couvent des Capucins. On y conserve aussi élégamment que possible les os des noyés, asphyxiés et autres victimes des accidents. La confrérie de la Bonne-Mort va chercher les cadavres ; un sacristain assez adroit les dessèche et les dispose en ornements. J’ai causé quelque temps avec cet artiste : « Monsieur, me di-