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mêmes avec une cordialité charmante. J’ai trouvé leurs logis et leurs cœurs ouverts, et je me suis convaincu qu’ils n’étaient pas plus avares de leur amitié que du reste. Ce que je sais de leurs petits défauts, c’est eux qui me l’ont dit ; car ils se confessent volontiers.

Ils avouent que l’amour du grand air et certain esprit de vagabondage les poussent trop souvent hors du logis. S’ils se montrent chez eux deux ou trois fois par jour, ils n’y demeurent guère. Les affaires, le cercle, le jeu, le bruit, le mouvement, le cigare, certain laisser aller qu’on ne se permettrait pas chez soi : voilà les liens qui réunissent les hommes en groupe et les retiennent loin de la maison. Cette vie en dehors commence avec la puberté et se prolonge aussi loin que la vieillesse. Le mariage l’interrompt pendant toute la durée d’une lune de miel, puis l’habitude reprend ses droits. Il y a beaucoup de délaissées. Pour se consoler, elles se jettent dans les bras de la religion ; elles vont aux églises. Il leur serait facile d’aller plus loin, car elles sont jolies, ou du moins fort piquantes. Mais elles n’ont de vif que les yeux, et c’est bien heureux pour messieurs les maris.


Vous pensez bien que des promeneurs si acharnés ne perdent pas grand temps à la lecture. Ils sont petits mangeurs de livres, et trouvent que c’est déjà bien joli de feuilleter les journaux. Si les libraires m’ont dit vrai, il ne se vend pas dix Molière en un an, dans cette ville de deux cent quatre-vingt-dix mille âmes, et, passé les étren-