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la chicane sur ses opinions religieuses et politiques, pourvu qu’elle ait soin de les renfermer en elle-même. On ne lui demande rien que l’obéissance aux lois et 70 millions d’impôt, dont on lui rend quelque chose. Car les prélats lui abandonnent généreusement une multitude incroyable de petits emplois où un homme content de peu gagne aisément de quoi vivre. Tout bourgeois bien pensant et bien recommandé trouve à se placer dans une administration, un tribunal, un débit de tabac ou un bureau de loterie. Le tout est de choisir un protecteur, de lui obéir en toute chose, de se ranger à l’humilité d’une condition modeste et de pratiquer ostensiblement les vertus chrétiennes.

« On peut dire en résumé que les États pontificaux ont toujours été gouvernés à l’amiable, par des hommes doux et polis que leur éducation, leur habit et leur foi prédisposent à l’indulgence. Les princes de l’Église, humblement soumis au sceptre vénérable du saint-père, se partagent sans combat et sans secousse une autorité secondaire. Ils font une large part aux princes romains leurs alliés et aux prélats leurs futurs collègues. Un échange de bons offices, de recommandations et de concessions réciproques unit étroitement tous les hommes qui sont quelque chose dans l’État. Une tradition de patronage et de clientèle, aussi ancienne que Rome elle-même (car elle date de Romulus), leur soumet le petit peuple et la classe intermédiaire.

« Tout serait donc pour le mieux si l’esprit révolutionnaire, échappé des profondeurs de l’abîme, ne s’était répandu comme un fléau sur l’Europe et sur l’Italie elle-même. Depuis deux cents ans et plus, quelques novateurs ennemis de la foi religieuse et de la tradition monarchique,