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peintres du monde naissent à Rome, comme les meilleurs fumistes en Piémont. Les petits Romains à qui l’on fourre une brosse entre les doigts apprennent en un rien de temps la pratique de la peinture. Un apprentissage de trois ou quatre ans les met en mesure de gagner leur vie ; le malheur est qu’ils ne vont pas plus loin. Est-ce leur faute ? Non. Je n’accuse que le milieu où leur naissance les a jetés. Peut-être produiraient-ils des chefs-d’œuvre s’ils étaient à Paris. Donnez-leur des maîtres, des concours, des expositions, l’appui d’un gouvernement, les encouragements d’un public, les conseils d’une critique intelligente. Toutes ces bonnes choses qui abondent chez nous leur manquent absolument ; ils ne les connaissent que par ouï-dire. Leur seul encouragement, leur unique ressort, c’est la faim qui les talonne et l’étranger qui passe. Ils vont au plus pressé ; ils abattent une copie en huit jours, et, lorsqu’elle est vendue, ils en recommencent une autre. Si quelque ambitieux entreprend une œuvre originale, à qui demandera-t-il si elle est bien ou mal ? La classe moyenne ne s’y connaît pas, et les princes ne s’y connaissent guère. Le possesseur de la plus belle galerie de Rome, M. le prince Borghèse, disait l’autre jour, dans le salon d’une ambassade : « Moi, je n’admire que le chic. » Le prince de Piombino a commandé un plafond à M. Gagliardi ; il voulait absolument le payer à la journée. Le gouvernement a bien d’autres soucis que l’encouragement des arts. Les quelques petits journaux qui circulent s’amusent quelquefois à citer le nom de leurs amis ; c’est pour les flagorner niaisement. Les étrangers qui vont et viennent sont quelquefois des hommes de goût, mais ils ne composent pas un public. À Paris,