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appétissant, les bras superbes, la main potelée, la taille souvent épaisse, la jambe lourde, le pied trop fort. Il est plus agréable de les voir que de les entendre ; elles ont souvent la voix virile et même rauque. Leur éducation, commencée au couvent, achevée à la maison, est encore plus négligée que celle des hommes ; elles ignorent à peu près tout ce qu’elles devraient savoir, et elles savent bien des choses qu’elles devraient ignorer. Déshéritées par la loi au profit de leurs frères, il faut qu’elles attirent les maris par d’autres amorces que l’argent. Elles recourent assez souvent à une coquetterie franche, ouverte, agaçante, libre, gaie, nullement nébuleuse et exempte de toute sentimentalité germanique. Elles ne répriment ni leur appétit ni leur embonpoint ; elles ne rêvent pas au clair de lune ; elles disent hautement que si le rossignol est agréable à entendre dans les bois, il n’est pas mauvais, en ragoût avec du riz. Le romanesque leur plaît, en tout bien tout honneur ; elles décochent volontiers une œillade au jeune homme qui passe ; elles se penchent quelquefois sur leur balcon pour échanger des billets au bout d’une ficelle ; mais cette confiance et cette liberté prouvent quelque chose en leur faveur. Elles ne supposent pas qu’on en veuille à leur cœur sans aspirer à leur main ; ces amourettes innocentes sont à leurs yeux des chemins de traverse qui conduisent au mariage. Autant elles sont promptes à s’enflammer, autant elles sont fortes pour se défendre. L’amoureux le plus follement aimé n’est plus rien pour elles dès qu’il perd son auréole de futur. Elles le pleurent comme mort et six mois après elles se remettent à en aimer un autre. Don Juan et Lovelace perdraient leur temps auprès de ces petites forteresses, faciles à investir,